Soupir
Tout n’est qu’image fugitive,
Coupe d’amertume ou de miel ;
Chansons joyeuses ou plaintives
Abusent des lèvres fictives :
Il n’est rien de vrai que le ciel.
Tout soleil naît, s’élève et tombe ;
Tout trône est artificiel ;
La plus haute gloire succombe ;
Tout s’évanouit pour la tombe,
Et rien n’est brillant que le ciel.
Navigateur d’un jour d’orage,
Jouet des vagues, le mortel,
Repoussé de chaque rivage,
Ne voit qu’écueils sur son passage,
Et rien n’est calme que le ciel.
Jean REBOUL.
Recueilli dans Souvenirs poétiques de l’école romantique, 1843.