Ne touchez pas à l’enfant

 

 

La foi, la loyauté, la pudeur, l’innocence,

Sont dans le cœur humain comme une exquise essence ;

Que par le moindre choc le flacon soit fêlé,

Le précieux parfum est bien vite envolé !

Oh ! laissons à l’enfant sa candeur jeune et fraîche,

Cette fleur qui veloute ou la prune, ou la pêche,

Ce duvet délicat, virginité du fruit,

Qu’on ne saurait frôler sans que tout soit détruit ;

Ce glacis de vapeur de la grappe dorée,

Cet éclat de pastel, poussière colorée,

Voile mince et subtil, à s’en aller tout prêt,

Réseau fin et ténu, qu’un souffle enlèverait,

Enveloppe si frêle et si bien nuancée,

Qu’on tremble d’y toucher, même de la pensée.

 

 

Amédée POMMIER.

 

Recueilli dans Souvenirs poétiques de l’école romantique, 1843.

 

 

 

 

 

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