L’enfant mourant

 

 

IMITÉ D’ANDERSEN

 

 

Ma mère, je suis las, et le jour va finir,

Sur ton sein bien-aimé laisse-moi m’endormir,

Mais cache-moi tes pleurs, cache-moi tes alarmes.

Tristes sont tes soupirs, brûlantes sont tes larmes.

J’ai froid. Autour de nous, regarde, tout est noir ;

Mais lorsque je m’endors, c’est un bonheur de voir

L’ange au front rayonnant qui devant moi se lève,

Et les rayons dorés qui passent dans mon rêve.

 

N’entends-tu pas des chants, des chants harmonieux,

Tels qu’un jour nous devons en écouter aux cieux ?

L’ange est à nos côtés ; il m’appelle, il m’attire.

Je l’entends qui me parle, et je le vois sourire.

Je vois de tous côtés d’admirables couleurs :

C’est l’ange aux ailes d’or qui me jette des fleurs.

Dans ce monde, ma mère, aurai-je aussi des ailes ?

Ou bien faut-il mourir pour les avoir si belles ?

 

Pourquoi me presses-tu tristement dans tes bras ?

Pourquoi ces longs soupirs que je ne comprends pas ?

Pourquoi ces pleurs ardents sur ta joue enflammée ?

Ah ! tu seras toujours ma mère bien-aimée.

Mais je t’en prie encor, ne pleure pas ainsi.

Si je te vois souffrir, hélas ! je souffre aussi.

J’ai mal, et la douleur assoupit ma paupière.

Adieu ! l’ange m’embrasse : adieu, ma pauvre mère !

 

 

Xavier MARMIER.

 

Recueilli dans Souvenirs poétiques de l’école romantique, 1843.

 

 

 

 

 

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