L’hirondelle
Dès qu’avril renaîtra, j’ouvrirai ma fenêtre
Plus tôt et de plus loin pour te voir apparaître ;
J’éteindrai sous ton vol, hôte religieux,
La bleuâtre fumée à mon foyer joyeux.
Mais si l’épais volet, resté clos à l’aurore,
Ne sait plus s’entr’ouvrir à ta voix qui l’implore,
Pense que ton ami, loin, bien loin, à son tour,
Pour un autre voyage est parti sans retour.
Crains de déployer là tes ailes assoupies ;
Car d’un dur successeur les servantes impies
Te pourraient disputer ta patrie en lambeaux.
Alors, va de l’église habiter les arceaux ;
Cherche l’enclos bordé de prunelliers, de mûres,
Où la brise du soir fait pleurer ses murmures ;
Et de la croix de fer où Christ a bu le fiel
Laisse, pour ton ami, monter tes chants au ciel.
Henri de LATOUCHE.
Recueilli dans Souvenirs poétiques de l’école romantique, 1843.