Nuit
Une cloche
tricote
sa prière du soir.
La lune s’immobilise
et grave sa médaille
sur la page du lac où les cygnes chantèrent.
Un feu de fane agonise
sous mes paupières
Au chevet de mes songes
le vieux marchand de sable
compte ses menus sous.
Dieu décalque ses étoiles
sur la robe du silence.
Minuit s’empale
aux aiguilles des roseaux...
...Pour que dorme cette eau
sous un tertre d’oubli épigraphé de lune,
j’éteins ma chanson.
Jacques ÉLAN,
L’archet brisé,
Unimuse, 1958.