Dernier appel
Luth fidèle, luth bien-aimé,
J’ai passé tant de nuits d’été,
Jusqu’à ce que le matin se lève,
À veiller avec toi !
Les vallées de nouveau disparaissent dans la nuit
Où les feux du couchant scintillent à peine,
Mais ceux qui autrefois veillaient avec nous
Reposent depuis longtemps dans la mort.
À quoi bon chanter maintenant
Ici, dans cette solitude,
Quand tous ils sont partis loin de nous,
Eux que notre chant a emplis de joie ?
Et cependant nous chanterons !
Un tel silence règne sur le monde,
Qui sait, les chants parviendront
Peut-être jusqu’à la voûte des étoiles.
Qui sait, ceux qui sont morts ici-bas
M’entendront en ces hauteurs,
Et doucement ouvriront les portes
Et nous accueilleront.
Joseph von EICHENDORFF, Dernier retour,
Orphée / La Différence, 1989.
Traduit de l’allemand par Philippe Giraudon.